Quand je suis entré dans le cabinet d’Emmanuelle, j’avais une idée précise du problème avec lequel je refusais de composer : le manque de confiance en moi.

J’avais vécu plusieurs arrêts assez violents de projets. J’étais partagé sur la décision à prendre : stop ou encore ? Avec un peu d’aide, j’ai vite compris que le problème ne venait ni de ma créativité, ni de mes compétences professionnelles. Il venait d’un manque de confiance en moi qui entraînait une sorte d’auto-sabotage permanent. (Quitte à se planter autant ne pas laisser son sort entre les mains d’inconnus !) Ce qui fait que j’étais souvent énervé contre moi-même quand les lecteurs, coauteurs, producteurs décideurs rejetaient mes projets, considérant que je pouvais leur donner plus. On ne peut inspirer la confiance et donner envie aux gens de nous suivre sur un projet quel qu’il soit si on n’a pas soi-même confiance en soi et en son projet. On peut feinter ou tricher mais l’homme a toujours un fond animal qui sent d’instinct la peur.

Une fois le problème posé, que faire? Comme je n’avais plus envie de le subir, je décidais de le confronter à une méthode qui a fait ses preuves et l’hypnose me paraissait la plus efficace. J’ai exprimé tout cela à Emmanuelle : ce qui m’amenait dans son cabinet, mes expériences, mon vécu teinté de vagues souvenirs, de sensations de confiance venues de l’enfance, là où aussi elle a été rompue. J’avais de ce problème une image très précise. Dans Indiana Jones et la Dernière Croisade (merci Spielberg), le héros doit surmonter une série d’épreuves pour atteindre le Graal. La dernière épreuve est celle du saut de la foi. Face au gouffre béant, Indiana Jones doit croire pour le traverser. Ce pas était pour moi le symbole de la confiance en soi. Et en l’état j’étais complètement bloqué face au précipice.

Emmanuelle a écouté, relancé. Une écoute bienveillante, dénuée de tout jugement. Par ses questions, elle tisse une toile comme un filet de sécurité et, comme si de rien n’était on entre dans la transe hypnotique, cet autre état de conscience. Avec ses mots qui sont les nôtres, Emmanuelle donne vie à des images, construit habilement et intelligemment ce pont qui nous conduit en nous, au nœud du problème de notre dramaturgie personnelle. La grande force et le talent d’Emmanuelle réside dans sa perspicacité à faire le choix du juste élément sur lequel elle va construire sa « réparation ». Ce avec quoi on doit faire la paix. Cet élément que l’on doit remettre à sa juste place pour qu’il ne soit plus un frein. Si je devais traduire les sensations j’ai l’impression que le conscient use de souvenirs erronés qu’il manipule à sa guise ; et dans la transe, on reprend conscience de la justesse d’un souvenir, on corrige l’information pour que la connexion s’effectue à nouveau sans bug.

Quelques jours et quelques semaines après la séance je constate encore les changements en cours dans ma vie quotidienne et dans ma vie artistique. Quand j’écris je ne tergiverse plus. J’aborde les scènes complexes en confiance et avec plus de méthode. Désormais j’élabore des stratégies, je suis le maître de mon écriture et de la page blanche, je gagne en efficacité et je me fais confiance (sans frein cette fois-ci) car il n’y a qu’ainsi que les autres me suivront. Et pour reprendre l’image d’Indiana Jones, je suis capable de faire ce pas dans le vide et de danser au dessus du gouffre !

F, Auteur